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Connaître les liens entre virus et développement du cancer
Certains virus peuvent s'intégrer dans les cellules normales, se joignant à leur ADN
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Dimanche, 14 décembre 2025 00:00
MISE À JOUR Dimanche, 14 décembre 2025 08:36
Les virus forment une large famille d’organismes microscopiques. Certaines formes bien bénignes donnent un rhume, d’autres causent des maux plus sévères comme la grippe, des encéphalites, etc. Au-delà de l’infection et de ses désagréments, certains virus peuvent s’intégrer dans les cellules normales, se joignant à leur ADN. Cela, dans certains cas, crée des mutations qui favorisent le développement du cancer. Regardons ce que l’on sait pour quelques virus.
Le cas le plus généralement connu dans la population est le virus du papillome humain (VPH). On a démontré depuis plus de quarante ans que l’infection à certains sous-types de VPH est associée à un risque nettement accru de développer un cancer. Infection n’égale pas nécessairement cancer. On parle d’association, suggérant que c’est un facteur parmi d’autres qui favorise sa survenue. Pour le cancer du col de l’utérus, l’association est tellement forte que les cas sans association à une infection préalable sont excessivement rares. Depuis vingt ans, on note aussi que les cancers de la gorge associés au VPH, notamment chez les hommes, constituent la grande majorité des cas. Cette infection, particulièrement liée au tabagisme ou à l’alcool, augmente le risque au point d’atteindre des niveaux qualifiables d’épidémie. Tout cela, alors que la vaccination a clairement le potentiel d’inverser les données sur la mortalité et la morbidité de ces pathologies. Compte tenu du nombre de gens déjà infectés, il faudra de nombreuses années pour voir l’incidence diminuer, même si tout le monde était vacciné demain matin. Entre-temps, ces cancers doivent profiter d’options de traitement plus adaptées.
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Le virus Epstein-Barr
Le virus Epstein-Barr (EBV) est plus connu parce qu’il cause la mononucléose. Il est aussi associé au risque de développer des formes particulièrement virulentes de lymphome et de cancer nasopharyngé. Retrouvé plus souvent dans les populations sud-asiatiques, mais pas exclusivement, on peut même suivre ou prédire l’évolution de la maladie en dosant dans le sang la quantité d’ADN de l’EBV. Il n’existe malheureusement pas de vaccin contre l’EBV et l’oncologie doit surtout continuer à proposer de nouvelles options de thérapie pour réduire la mortalité et la morbidité causées par ces types de cancer.
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Le VIH
Le virus d’immunodéficience humaine (VIH), qui auparavant occasionnait un fort taux de mortalité, continue, malgré les thérapies antirétrovirales, à augmenter le risque de nombreux cancers, dont le cancer du poumon, les lymphomes, certains sarcomes et cancers digestifs. Ils représentent maintenant une principale cause de décès pour les gens infectés par le VIH. Malgré les traitements contre le VIH, le pronostic de plusieurs types de cancer demeure plus défavorable chez les personnes infectées. Des études récentes laissent penser que l’immunothérapie, qui fait maintenant partie de l’arsenal pour contrer le cancer, a un potentiel intéressant pour ce groupe de patients.
COVID et cancer
Pendant la pandémie, les professionnels de la santé ont rapidement noté que la COVID-19 pouvait provoquer une infection plus sévère et représentait un risque de décès prématuré chez les patients souffrant de cancer, particulièrement en traitement actif. Dernièrement, diverses équipes de recherche ont questionné l’association entre infection à COVID-19 et risque de développer un cancer. Quelques études ont proposé une faible augmentation de certains types de cancer, mais globalement il est trop tôt pour conclure quoi que ce soit. De plus, si association il y a, elle est relativement faible. Par contre, des données montrent aussi que la vaccination contre la COVID n’a pas donné lieu à une augmentation du risque de développer un cancer. Plus encore, la vaccination semble augmenter l’effet thérapeutique de l’immunothérapie et la survie chez les patients souffrant de certains types de cancer.
Virus et thérapie
Au-delà des virus qui pourraient causer le cancer, il y a ceux que l’on pourrait utiliser pour le contrer. En effet, la recherche nous dirige actuellement vers des virus qui peuvent plus spécifiquement infecter les cellules cancéreuses et les éliminer directement ou via une action du système immunitaire. C’est une avenue de recherche depuis des années. Les avancées sont cependant lentes pour assurer la sécurité de tout le processus par des balises strictes, étant donné des risques potentiels.
Les virus font partie de notre environnement et de notre microbiome. Les connaître, voire en contrôler certains, a un fort potentiel de modifier les statistiques du cancer.
L’auteur est aussi porte-parole scientifique et médical de la Société canadienne du cancer et agit à titre de consultant scientifique pour diverses sociétés.